Déclaration de la CGT éduc’action 13 au CDEN du 12 décembre 2011

lundi 9 janvier 2012
par  cgt éduc 13 (1er degré)

Déclaration de la CGT éduc’action 13

au CDEN du 12 décembre 2011

Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,

Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures de rigueur censées réduire « le déficit de la France », sans réellement remettre en cause les niches fiscales dont on sait qu’elles n’ont aucune efficacité économique et sociale. La contribution des plus hauts revenus reste symbolique et n’est pas de nature à réduire les inégalités.

Ces plans d’austérité successifs dégradent les services publics. Les mesures prises (non-remplacement d’un départ sur deux à la retraite, gel du point d’indice depuis deux ans, baisse globale des rémunérations, dégradation des conditions de travail dans un contexte de profondes réorganisations, réforme injuste des retraites et hausse des cotisations, taxe sur les complémentaires, et enfin instauration d’un jour de carence dans la Fonction publique) auront des conséquences négatives pour les agents des trois versants de la Fonction Publique.
C’est à eux, et à l’ensemble des salariés, que le gouvernement fait payer la crise tout en cherchant à les diviser et à les culpabiliser. Ces plans augmentent de manière très forte les inégalités et les difficultés auxquelles sont confrontés un nombre croissant de citoyens.

Dans ce contexte, la CGT et l’ensemble des organisations syndicales appellent à se mobiliser le mardi 13 décembre 2011 pour une autre politique budgétaire permettant de développer l’emploi notamment l’emploi public, développer les politiques publiques et les moyens des services publics, revaloriser les salaires...

Au ministère de l’éducation nationale, encore une fois, on nous assure que la rentrée est techniquement réussie, afin de masquer la réalité dans nos établissements et de prouver que les suppressions de postes à répétition n’ont pas d’effets sur les conditions de travail et d’apprentissage. Le budget voté à l’Assemblée nationale prévoit 14 000 suppressions d’emplois à la rentrée 2012, qui s’ajoutent aux 66 000 depuis 2007. Ces suppressions de postes vont se traduire par une nouvelle dégradation des conditions d’exercice des enseignants et d’apprentissage des élèves, notamment les plus fragiles, ceux-là même dont les parents subissent déjà les effets d’une crise dont ils ne sont en rien responsables. Les annonces faites sur les suppressions de postes RASED (3000), de remplaçants, de conseillers pédagogiques, mais aussi en maternelle en témoignent. La réalité c’est que la gestion de la pénurie des moyens est incompatible avec de bonnes conditions de travail permettant aux personnels de mettre tous les élèves en situation de réussite.
Moins de postes signifie plus d’heures supplémentaires pour les collègues, sur lesquels des pressions s’exercent, le recours à de nombreux emplois précaires non qualifiés et non formés, des postes vacants mais aussi un manque de remplaçants. Nous constatons la baisse incessante du nombre d’adultes encadrant. Alors bien sûr pour rassurer l’opinion, le ministre met sans cesse en exergue l’accompagnement personnalisé ; mais il ne sert en fait aujourd’hui que de cache misère.
De plus, les conditions d’entrée dans le métier pour les stagiaires (dénoncées par ailleurs par le conseil d’état) à temps complet et sans véritable formation, ont contribué à dégrader les conditions de travail des nouveaux collègues. Une opération purement comptable et sans argument pédagogique convaincants !
C’est ainsi qu’on essaie de nous faire croire que la rentrée se passe bien en jouant, tantôt sur les heures supplémentaires, tantôt sur la bonne conscience des personnels, tantôt sur des postes précaires : ça suffit !
Les élèves en pâtissent, les personnels souffrent de plus en plus… Jusqu’où ira-t-on ?

Toutes les écoles ont dû faire face à la suppression brutale de nombreux CUI en charge de tâches administratives. L’administration ne semble pas se soucier des désastres humains ainsi engendrés, ni du devenir des missions qui leur étaient jusque-là confiées. Que dire aux directeurs d’école qui n’ont plus d’aide administrative ? Que dire dans les établissements du second degré qui n’ont plus autant d’aide pédagogique ? Encore une fois, c’est une surcharge de travail dans nos établissements ! Les missions remplies par nos collègues précaires sont réelles et pérennes. Pourquoi ne pas créer des emplois statutaires afin de les mener à bien ?

Par ailleurs, la question des locaux et des inscriptions est du ressort de la mairie, l’organisation scolaire doit se faire en lien entre les collectivités locales et l’Education Nationale.
Cette relation ne semble pas toujours évidente, notamment à Marseille où dans de trop nombreuses écoles les inscriptions restent à la charge des directeurs d’école. Pour ce travail supplémentaire qui ne relève pas de leurs missions, les directeurs ne reçoivent aucune rémunération ce qui est parfaitement anormal. De plus en ne prenant pas ses responsabilités, l’organisation scolaire de la mairie entrave une étude sereine de la carte scolaire.

  La CGT éduc’action dénonce aussi avec vigueur le projet de décret concernant les modalités d’évaluation des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation.
Un tel système qui donnerait tout pouvoir au Chef d’établissement ou supérieur hiérarchique sur nos carrières, introduirait arbitraire et concurrence entre collègues, remettrait en cause nos statuts et risquerait d’institutionnaliser une forme de clientélisme. Ce projet réduirait aussi les modalités d’avancement des personnels, ce qui aurait des incidences graves sur le pouvoir d’achat des personnels déjà fortement réduit par une politique salariale désastreuse injuste et inégalitaire. Il signifierait l’entrée dans l’école libérale.
  Ce projet doit être abandonné.

Enfin, la mise en place d’une journée de carence pour les arrêts maladie, vise à stigmatiser les salariés en remettant en cause leur intégrité et celle des médecins qui les ordonnent.

Ainsi, les personnels voient leurs conditions de travail se dégrader de jours en jours. La souffrance au travail qui se développe dans l’Education nationale en est la conséquence.

C’est dans ce contexte, bien triste pour celles et ceux qui croient encore l’école de la République que la cartographie des Réseaux Réussite Scolaire a été dévoilée. La CGT éduc’action s’exprimera une fois de plus sur les dangers de ce programme, porteur de désagrégation du modèle social français.

Expérimenté à marche forcée l’an passé, le programme ECLAIR (Ecoles, Collèges et Lycées pour l’ambition et la Réussite) touche, à cette rentrée 2011, 30 académies : 2 116 écoles, 297 collèges et 28 lycées. Officiellement, les Réseaux Ambition Réussite (RAR) intègrent le programme et disparaissent au 1er septembre 2011.
À terme, le ministre de l’Éducation Nationale a déjà annoncé qu’ECLAIR avait vocation à remplacer tous les dispositifs existants dans les "zones sensibles et prioritaires", sans qu’ils aient été évalués quant à leur efficacité, et sans que l’on sache encore quels critères seront retenus pour sélectionner ou non les futurs établissements. Ainsi, certaines ZEP non-ECLAIR pourraient alors être déclassées et retrouver le lot commun avec les effectifs et les pertes de postes afférents.
Pour la CGT il s’agit d’un projet dangereux car il remet totalement en cause le service public national d’éducation. Largement inspiré du rapport Pochard et des systèmes anglo-saxons (dont on connaît les ravages pour l’enseignement public), il n’est qu’un préambule vers la privatisation d’une grande partie du système scolaire français. Pour les élèves, l’autonomie renforcée des établissements va accentuer davantage encore les différences entre établissements et la ghettoïsation de certains d’entre eux. Pour le personnel, il remet en question notre statut et notre mission de service public.
L’éducation prioritaire est écartée au profit de la sécurité. L’école pour tous, celle à laquelle aspiraient le Conseil National de la Résistance et le rapport Langevin-Wallon est aujourd’hui sacrifiée à l’autel des intérêts des marchés.

Pour lutter contre tous ces éléments sur le traitement fait à l’école publique, la CGT éduc’action a déposé – avec d’autres organisations syndicales - un préavis de grève le jeudi 15 décembre 2011 pour une autre politique éducative et appelle à manifester. Car les valeurs du projet actuel sont à l’opposé de l’école pour tous que nous revendiquons.


La gestion à flux tendu dans l’Éducation nationale s’avère impitoyable. A quoi faut-il s’attendre alors qu’est encore prévue la suppression de 14 000 postes pour la rentrée 2012 ?

 


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