COP 21 : Un accord qui perpétue les hégémonies existantes
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Cent-cinquante chefs d’État et de gouvernement ont fait le déplacement pour la conférence de Paris sur le climat. Ils ont annoncé de nobles intentions et promis l’engagement de leurs gouvernements pour limiter le réchauffement climatique. Deux semaines plus tard, que reste-t-il de ces intentions ? Au fil des tractations en coulisses et des débats en plénière, les États ont reculé sur tout.
Il y a certes un accord, mais à quel prix et avec quel contenu ? Où est la justice environnementale et sociale ? Il ne subsiste qu’une coquille vide acceptable par les pays développés – et les multinationales omniprésentes à la COP. Surtout, les populations et les pays victimes du réchauffement climatique – principalement dans les pays du Sud – vont encore devoir payer l’addition de politiques irresponsables élaborées sans aucune considération des retombées.
Les engagements en matière de financement, de transferts de technologie, d’ambition à long terme sur les émissions et de règlement des pertes et dommages n’offrent aucune perspective de ralentissement du réchauffement climatique, et encore moins pour son arrêt.
Les pays industrialisés, historiquement les plus pollueurs – États-Unis au premier chef – ont peu à craindre d’un cataclysme climatique. Ils ont les moyens d’y pallier. Même si les conséquences pèsent sur leurs travailleurs et populations, la technologie et les finances existent pour atténuer les retombées. En revanche, les pays en développement, dont les organisations syndicales et associatives n’ont pas eu les moyens d’assister à la COP, vont payer le prix fort. Les travailleurs de ces régions sont les victimes du manque de courage de la conférence de Paris.
Les négociations climatiques ne portent plus depuis longtemps uniquement sur des thèmes environnementaux. Elles traitent aussi des questions sociales et humaines. La COP21 pose une fois encore la question des solidarités entre les peuples de notre planète, à nouveau sans réponse. Les migrations climatiques, les tensions sociales et l’augmentation des inégalités en seront les conséquences.
Les organisations signataires de la présente dénoncent vigoureusement l’irresponsabilité des gouvernements, et en premier lieu des pays industrialisés. Les clés de notre avenir sont à trouver parmi nous, dans la coopération, la solidarité et la lutte. Les gouvernements ont refusé de prendre leurs responsabilités face à l’histoire. À nous, par conséquent, de nous engager dans des luttes réelles et solidaires contre le réchauffement climatique, pour les droits fondamentaux, pour la transition juste et le travail décent, pour tous et partout.
Premiers signataires :
• New Trade Union Initiative (NTUI), Inde
• National Garments Workers Federation (NGWF), Bangladesh
• Confédération Générale du Travail (CGT), France
• 全国労働組合 総連全国労働組合 総連全国労働組合 総連(全労連)(ZENROREN), Japon
• Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN)
• La Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM)
• Unite, Nouvelle Zélande
• Confédération des Syndicats Autonomes (CSA), Sénégal
• Centrale Syndicale du Secteur Public du Cameroun
• Fédération des Syndicats Autonomes de Côte d’Ivoire (FESACI)
• Kilusang Mayo Uno (KMU, Mouvement du 1er mai), Philippines
Voir ci-dessous les lettres du jour de la délégation de la CGT à la COP 21
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La CGT entend bien peser sur les négociations
Article du 7 décembre
La CGT, aux côtés d’autres organisations syndicales et associatives fait partie de la coalition climat 21. La Confédération Générale du Travail prendra toute sa place et compte bien peser sur les discussions dans le cadre de la COP 21 du 30 novembre au 11 décembre 2015.
Plusieurs sujets sont sur la table des négociations. D’abord, l’objectif de maintien du réchauffement climatique sous la barre des 2°C doit être réaffirmé. Ensuite, la question de l’adaptation qui génère celle de la solidarité entre pays développés et pays en voie de développement est au coeur des discussions. C’est la question cruciale de l’aide aux populations déjà impactées par les effets du changement climatique. Elle n’est pas moins importante que celle dite de l’atténuation, c’est-à-dire de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Pour le mouvement syndical international, le premier message est que le système capitaliste du moins disant social et environnemental a démontré ses limites. Pour sortir de l’état d’urgence climatique, il faudra changer le modèle de développement actuel pour un modèle socialement juste, durable du point de vue environnemental et économiquement efficace. Les chefs d’Etat ne peuvent continuer dans ce sens et doivent s’extraire des pressions des multinationales. Le Traité transatlantique n’est ni acceptable socialement ni environnementalement. Quant à son efficacité économique, elle n’est pas encore démontrée… Selon la CGT, il ne peut y avoir de transition sans que les premiers experts du travail que sont les salariés ne soient entendus.
La place du financement public doit être essentielle
En effet, au-delà de l’objectif, c’est la capacité des Etats à engager le financement des transitions en cours et à venir. Dans ce cadre, les Etats devront trouver un accord sur le financement de 100 milliards pour le fonds vert et son utilisation.
Pour la CGT, la place du financement public est essentielle, la philanthropie des multinationales a montré ses limites… En même temps, la COP 21 doit trouver un accord sur les pertes et dommages pour aider aussi les populations des pays vulnérables. Enfin, les Etats devront se mettre d’accord sur les mesures d’urgence à prendre d’ici 2020, mesures concrètes indispensables pour palier aux premiers besoins. L’ensemble des propositions contenues dans le futur accord devra porter tout le long du document le respect des droits humains fondamentaux et des droits sociaux, sans quoi l’accord pourrait bien se bâtir sur le dos des populations, et notamment les plus fragiles.
Pour un développement humain durable
La réponse aux changements climatiques n’est pas seulement environnementale ou énergétique. Elle porte aussi sur la réduction des inégalités, la place centrale du travail, pour un nouveau mode de développement. La CGT revendique ainsi un développement humain durable.
Elle conteste le contenu et les finalités de « la croissance actuelle », s’oppose aux idées de décroissance et s’engage pour la ré-industrialisation du pays. Le système économique est en cause. En changer les fondements est impératif pour contenir le réchauffement climatique, permettre une adaptation des pays les plus vulnérables, l’émancipation des populations et en garantir le financement.
L’industrie est nécessaire à la lutte contre le réchauffement de la planète si on change de critères et de modèles pour développer une économie innovante, plus sobre et moins polluante.
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